« J’ai honte de manger en public Je suis grosse.Et les grosses, on analyse le contenu de ce qu’elles
ingurgitent, toujours avec une petite arrière pensée en tête.
Si je prends une salade, pas nécessairement parce que je me sens obligée, simplement parce que j’en ai envie, j’entends les autres penser tout haut : “Bah, c’est ça, me semble qu’elle mange de la salade, elle, pour être de même. ”
Si je choisis un repas moins nutritif, voire carrément junk, ben là, tu n’imagines pas à quel point on me juge. Des lames de couteau dans les yeux des autres clients du resto, je te dis. « Ben oui, c’est ça, continue de manger ma cochonne, comme si t’en avais besoin ! »
Je ne sais plus ce que je peux manger en public sans jugement. Comme s’il n’y avait pas de choix neutre. Un sandwich, pain multigrains, ça irait ? Ah non, c’est vrai, les féculents ne sont pas faits pour celles qui ont du poids à perdre. Pis en plus, ça contient du gluten. Je ne suis pas certaine de ce que c’est, mais je sais qu’il faut se tenir loin de ça. La fille du gym, la toute petite, l’a dit.
Je suis fatiguée d’être gênée de mon poids, de ma personne. J’aimerais me mettre au sport, mais si tu savais comme je redoute le regard des autres au gym, si tu pouvais comprendre. Parce qu’on dira ce qu’on voudra, tant que tu n’as pas été grosse, tu ne peux pas savoir. J’ai pensé au jogging, pas besoin d’aller au gym. Mais j’imagine déjà on gros derrière que les automobilistes verront se dandiner, avec moi, toute suante et haletante…non merci. Je vais me passer de cette source de jugement supplémentaire.
J’ai honte à chaque fois que j’entends parler de « l’épidémie d’obésité », honte parce que j’en fais partie. Je me sens impuissante devant cette montagne de kilos que je traine depuis…mon dieu… depuis si longtemps. Ma mère me les a légués je crois, on est tous ronds chez nous. Même les hommes. Mais ça, ça a l’air que c’est moins pire. Je ne suis pas en train de m’apitoyer sur le sort de mon hérédité, détrompes-toi !! Je sais que si on est gros, c’est de notre faute. Mange moins, bouge plus. Paraît que c’est simple de même. »
Tu sais, je reconnais ta souffrance et même si je n’ai pas souffert de problèmes de poids, le jugement des gens sur le poids, je connais bien. Plusieurs personnes se sentent comme toi et tu sais quoi, des personnes de tous les poids. Oui, oui, plusieurs se sentent surveillées par rapport à ce qu’elles mangent ou ne mangent pas…tu n’es pas la seule à te sentir ainsi. Je ne dis pas cela pour diminuer ta souffrance, mais bien pour te rassurer sur ce fait : tu n’es pas seule.
Tu as raison d’être fatiguée de tous ces jugements, de tous ces stratagèmes à mettre en place simplement pour manger en public…ce n’est pas normal. Ce n’est pas toi qui n’est pas normal, c’est cette relation malsaine avec la nourriture et, si je peux me permettre, avec ton image que tu entretiens qui méritent d’être améliorés. Fais-toi ce cadeau.
J’ai souvent entendu dire qu’on pouvait décider de « se foutre » (pardonne le ton familier) de l’opinion des autres, mais je t’avoue y croire moyennement. Je suis plutôt de celles qui croient qu’avec un long travail sur soi, on peut arriver à mettre de côté ces jugements ou ce que l’on peut interpréter comme tels. Des commentaires gratuits, il risque d’en avoir encore. Mais on peut travailler sur la façon dont ceux-ci nous atteignent. À ne pas confondre avec le « je m’en foutisme », ne t’inquiète pas !
Je suis de ton avis quand tu mentionnes qu’à croire le discours populaire, perdre du poids se résumerait aussi bêtement qu’à manger moins et bouger plus. Mais on le sait, c’est plus complexe que cela… Plusieurs facteurs influencent le poids d’une personne, et plusieurs facteurs influencent la santé d’une personne. Dont le poids. Mais il s’agit d’UN facteur parmi tant d’autres et je crois que nous perdons de vue cette notion, ma foi, tellement, importante.
En terminant, j’aimerais te dire quelque chose qui, j’espère, ne te vexera pas. Je crois que tu as raison quand tu mentionnes que certaines personnes jugent le contenu de l’assiette des autres. C’est la triste réalité, alimentée (sans mauvais jeu de mots) par cette ère d’ultra-informations nutritionnelles. Mais as-tu remarqué que les gens qui scrutent les autres sont souvent celles qui entretiennent justement un rapport moins sain avec leur propre alimentation ? En d’autres termes, si tu es bien avec ton assiette, pourquoi irais-tu vérifier celle des autres ? Assez inutile, merci !! Alors j’ose soulever le fait que peut-être toi aussi portes-tu un jugement négatif à l’égard de ce que tu ingurgites ? Sur ton propre poids ? Y aurait-il matière à réflexion ?
Tout le monde a le droit de manger des aliments variés, peu importe leur apparence physique. Point.
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