Ces temps-ci, je suis parfois fatiguée de devoir peser mes mots bien que je sois probablement l’une des nutritionnistes qui les pèse le moins. Tout doit être dit avec huit couches de papier bulles, entre deux compliments « je sais que vous faites votre possible »; « je comprends » et tout le monde se sent attaqué alors que 99.9% du temps, ce n’est nullement l’intention du message.

 

Je ris jaune avec plusieurs clients de « l’épisode Froot Loops » (tsé quand c’est rendu que ça porte un nom) et de l’ampleur qu’un simple message d’abord et avant tout constructif a dégénéré. L’alimentation des enfants, ça demeure LE SUJET LE PLUS SENSIBLE que je perçois, du moins, sur cette page. Pourtant, je suis maman moi aussi et je connais très bien les défis que peut représenter l’alimentation des tous-petits. Mais je n’ai comme pas envie de rentrer là-dedans : ce n’est pas le but de mes publications, que nous pleurions tous sur notre sort et de se dire à quel point on fait pitié et pauvre nous. Non, ce n’est pas ma tasse de thé. Je préfère nommer les choses, trouver des solutions et viser l’amélioration. Point. Est-ce-que cela va à l’encontre d’une bonne petite tape dans le dos quand on a fait un « bon coup » et qu’on est fier de soi? Absolument pas, même qu’il FAUT souligner nos beaux coups. Mais de dire que « tout est beau parce que tu fais de ton mieux », désolée, mais non. Parfois, on l’échappe solide et on doit se retrousser les manches pour se réorienter. Avec bienveillance et de l’aide.

 

Sujet enfant : check.

 

Passons au prochain sujet chaud : le poids. Peut-on toujours en parler? Devrait-on parler de poids? Cette question, qui peut paraître farfelue aux yeux de plusieurs, est le titre de plus en plus de formation à l’intention des nutritionnistes (oui messieurs, dames!!) tellement plus personne ne sait comment l’aborder. On dit « obèse »? On médicalise trop. On dit « gros », cela a une connotation péjorative. On dit « en surpoids » et on nous répond agressivement «en surpoid par rapport à quoi?! ». C’est délicat. Ok, je vais être franche, c’est plus que délicat, c’est vraiment embêtant.

 

Je suis nutritionniste, en tout cas pour le moment. Ma profession fait en sorte que oui, je dois aborder la question du poids corporel lorsque celui-ci comporte des risques raisonnaibles (selon les données probantes) à la santé. Qu’il soit trop bas ou trop élevé : ben oui, je dois en faire mention. Cela fait suffisament longtemps que je pratique; ma clientèle est établie et je crois pouvoir affirmer qu’aucun de mes clients ne s’est senti jugé par rapport à son poids. Aucun. Parce que je ne juge pas : je suis en mode écoute, on regarde si on veut modifier la situation et si oui, on attaque le tout en mode solution durable. C’est aussi ça, mon travail.

 

Mais voilà que selon des mouvements de plus en plus influents qui prennent naissance de leur écoeurement-que je comprend- à se faire parler uniquement de leur poids invite les personnes qui VEULENT améliorer leur santé entre autre en adressant leur obésité (devrais—je dire leur grosseur? Je ne sais plus) et qu’on leur dit qu’ils ne devraient pas. Ils sont corrects de même. Vouloir perdre du poids? Franchement, c’est tellement un concept internalisé de la société.

 

Oui, et non. ÇA DÉPEND. Parfois, la personne, qui n’est pas seulement un pantin de la société s’il vous plaît, a envie de se sentir mieux dans son corps car ce dernier la limite dans ses activités. Des exemples? Elle a envie de prendre l’avion ou de se mettre du vernis sur les ongles d’orteils. Peut difficilement. Et on essaie de lui faire gober que c’est « le poids que la nature a voulu pour elle ». Bémol ici. Parfois oui, parfois non, d’où l’importance d’une introspection et d’une rencontre avec un professionnel qualifié qui sera adapter son plan d’action en tenant compte de plusieurs éléments, dont la santé physique, psychologique et la réalité de la personne. Ceci n’est pas une mince tâche.

 

 

Je conclus donc que j’adore mon traval, vraiment. J’en parle tout le temps. Je me sens privilégiée de faire ce que je fais, tellement. Mais je trouve que les gens sont vraiment à fleur de peau et que quand le message véhiculé ne cadre pas dans leurs croyances, PAF, on m’envoie promener. C’est usant à la longue. Mais je vais continuer pareil 😉

 

 

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