guide-alimentaire-candien

Quand les gens savent que je suis nutritionniste, bon nombre d’entre eux me demandent, avec un brin d’ironie dans la voix :
« Toi, qu’est-ce-que tu penses du Guide alimentaire Canadien ? » (GAC pour les intimes).

Et là, je dois peser mes mots. Plusieurs sont convaincus que les nutritionnistes subissent des lavages de cerveau lors de leur formation universitaire pour vanter les produits laitiers (n’est-ce-pas vrai que les Producteurs laitiers investissent dans la création du GAC ?!). Ou encore, qu’il est im-pos-si-ble de ne pas être en surpoids à manger autant de produits céréaliers. Après une énième fois à me faire questionner sur la chose, j’ai eu envie d’écrire un article sur les points forts et les points à améliorer, à mon avis, de cet outil de référence.

Les points forts

  • La place aux « substituts » des produits laitiers. La boisson de soya, enrichie bien sûr, figure maintenant dans le document à titre de « Laits et substituts ». Finalement, les Producteurs laitiers n’auraient peut-être pas autant d’emprise qu’on le croyait ?
  • Les aliments mois connus présentés ; boulgour, quinoa, kéfir….des aliments nutritifs qu’on gagne à inclure dans notre alimentation.
  • La mention « huiles et autres matières grasses ». Parce que trop souvent, on a tendance à croire qu’il faut carrément les éviter alors qu’ils jouent un rôle primordial au niveau de la santé.
  • La recommandation d’un supplément de vitamine D pour les personnes âgées de 51 ans et plus. À moins d’être un petit veau, il est presqu’impossible de répondre à ses besoins en cette vitamine.
  • La place accordée à l’activité physique. Parce qu’un « mode de vie sain », pour reprendre l’expression populaire, inclut nécessairement de bouger…pour le plaisir.

Les points à améliorer

  • On ignore la place qui devrait, ou pourrait, être accordée aux aliments « plaisirs », tels les desserts, les croustilles, friandises… Je comprends que ce guide est pour inviter les Canadiens(nes) à manger sainement, mais en omettant complètement ce type d’aliments, on leur transmet le message qu’ils n’ont pas leur place. C’est faux. Tout ce qui est mentionné par rapport à ce type d’aliments est écrit à l’endos du GAC :
    « Limiter la consommation d’aliments et boissons riches en calories, lipides, sucre, sel (sodium) tels que (…) » et s’en suit une longue liste d’aliments « plaisirs », comme j’aime les appeler. Une belle alternative aurait pu de donner des exemples de portion et une fréquence de consommation adéquate.
  • Les portions de référence pour les jeunes enfants sont les mêmes que pour les adultes. Le Guide d’alimentation pour l’enfant d’âge préscolaire , des diététistes du CHU Sainte-Justine et l’équipe des diététistes des Producteurs laitiers du Canada est beaucoup plus adapté pour les enfants de cette tranche d’âge parce qu’il propose des portions plus petites, adaptées à leur appétit.
  • La pomme de terre, qui mélange à peu près tout le monde (est-ce un légume, un féculent, les deux ???) est placée en arrière-plan des légumes. Il faudrait, à mon avis, la mettre du côté des produits céréaliers puisque sa composition en glucides la rend beaucoup plus près de ce groupe que des autres légumes.
  • Enfin, la phrase qui me fait dresser les cheveux sur la tête est indiquée à l’endos :
    « Consommer les quantités et les types d’aliments recommandés chaque jour.»
    Bang ! Exit le niveau de faim, on doit tous manger la même quantité ? Cela ne fait pas de sens… Le concept de « portions » devrait constituer un repère, pas un « plan alimentaire ». Personne n’a les mêmes besoins énergétiques. Ceci est à mon avis LA grosse lacune du GAC. Croyez-le ou non, j’ai des clients qui m’ont rapporté le GAC comme moyen de perdre du poids. En se dressant un menu type basé sur le GAC, ils se retrouvent constamment affamés…On est loin d’une « alimentation saine » dans ce cas. Pour d’autres, c’est l’inverse. Le GAC est tout simplement trop copieux parce qu’ils ont des besoins énergétiques inférieurs à leur groupe de référence. La faim devrait être le seul point de repère pour guider l’apport énergétique, du moins, quantitativement.

Pour conclure, il m’arrive d’enseigner le GAC dans ma pratique afin de donner une idée de ce qui est à la base d’une alimentation variée et optimale pour la santé. Ceci étant dit, je le présente toujours en mentionnant qu’il s’agit d’un GUIDE et non d’une BIBLE. Les signaux de faim et de satiété sont les seuls critères qui doivent déterminer la quantité de nourriture dont vous avez besoin chaque et ceci, le GAC ne peut le déterminer pour vous!