« Moi je mange santé » est assurément une des phrases qu’on me dit le plus souvent dans une semaine. Et j’aime toujours écouter la justification qui suit cette affirmation…qui varie tellement d’une personne à l’autre c’en est assez étonnant ! Au risque de vous ébranler un peu (je m’excuse), je dois vous faire une confidence…je trouve que cette phrase ne veut rien dire. Voici pourquoi :

1) Il n’y a même pas de consensus entre les experts !

Et tout d’abord, QUI sont les experts ? Les nutritionnistes ? Les médecins ? Les chercheurs ? Je n’en suis pas certaine moi-même ! Quoi qu’il en soit, certains imminents chercheurs sont par exemple, « anti-lait » et d’autres trouvent que c’est un aliment vraiment intéressant. Selon le domaine de recherche (la nutrition « conventionnelle », ou holistique, la naturothérapie, la biochimie etc ), la définition de « manger santé » prend une toute nouvelle tournure.

2) Les grands coupables changent aux décennies !

Dans les années ’80, on fuyait le gras comme la peste, responsable des maladies cardiovasculaires, du « cholestérol » et autres problèmes de santé chroniques. Exit les œufs, le beurre et le fromage entier…bonjour la margarine et les produits allégés. Et maintenant ? C’est un quasi retour à la case départ ! On commence à bouder la margarine, qu’on trouve trop transformée, on adoooore les produits du terroir, qui sont assez riches merci, et on a tendance à arroser très généreusement nos mets d’huile d’olive, vantée pour ses mérites sur la santé du cœur. Maintenant, il semblerait que ce soit le sucre le grand coupable, disent les études. La nutrition est une science. Qui dit « science » dit « découvertes », ce qui peut être assez difficile à suivre en tant que consommateur !

3) « Manger santé »…une question de mode ?!

Une nutritionniste ou un médecin a l’apparence ordinaire qui parle de nutrition, ça va. Mais quand il s’agit d’un athlète ou d’une actrice de belle apparence, attention ! Le consommateur aime ça ! Il VEUT entendre ce qu’il ou elle a à dire et veut manger le produit vanté ou carrément adopter le régime alimentaire de ce dernier !

C’est bien connu: en vente au détail, on achète le vendeur…et bien en nutrition on achète le « vendeur » aussi, tant qu’il nous inspire confiance…C’est triste, car très souvent, il s’agit de leur expérience personnelle ou pire, de pur marketing. ET on aime ça !!

On veut leur ressembler alors on se met à manger de l’huile de coco, à faire nos germinations, à boycotter le pain et à jeûner jusqu’à midi. (En passant, ceci ne sont que des exemples). Que va-t-on nous vanter demain ? Ou plutôt QUI va le faire ? Fort à parier que nous allons troquer nos habitudes alimentaires d’aujourd’hui pour ce nouveau courant, qui est, j’ajouterais, rarement influencé par les études citées au point 2 😉

 

4) Et c’est « on ne peut plus » subjectif !

Pour certains, manger selon le guide alimentaire Canadien veut dire manger santé. Pour d’autres, juste d’entendre ce nom et ils s’esclaffent de rire. Poser la question autour de vous, vous serez étonné de l’hétérogénéité des réponses !

Nos grands-mères supportent encore l’idée que de « bien manger » veut dire manger beaucoup (ça fait des enfants forts !). Et j’entendais pas plus tard que la semaine dernière une homme à l’épicerie convaincre son enfant de troquer les smarties pour des régisses parce que « ça ne contient pas de gras »…

Vous avez dit subjectif ?!!!

5) On ne s’attarde qu’aux aliments, on oublie la personne qui les mange

LE point que j’aimerais que vous reteniez. Manger santé, peu importe la définition qu’on lui prête porte souvent exclusivement sur les aliments. Mais cela devrait comporter « l’acte de manger » dans sa globalité, avec les rituels associés aux repas, le respect des signaux du corps du mangeur, la relation avec les aliments de celui-ci, etc. Manger santé, à mon avis, est effectivement subjectif selon les expériences et goûts de chacun. De plus en plus, manger santé s’apparente à un dogme et s’approche dangereusement de l’obsession (à ce sujet, petit détour par ici).

Qu’est-ce-qu’on fait avec ça ?

Nous devrions accorder davantage de temps et d’énergie à cuisiner et à déguster dans une ambiance agréable, retravailler l’écoute de notre corps (quel est mon niveau de faim aujourd’hui ? de quoi ai-je envie réellement ?) plutôt que de s’en remettre uniquement à autrui. Parce qu’après tout, votre corps veut se nourrir adéquatement, n’ayez crainte ! Il connaît ce dont il a besoin. Mangeons varié, moins transformé, et ÇA, mesdames et messieurs, c’est déjà un méchant point de départ !

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