Lundi matin, le verdict tombe : +2,2 livres. Vous êtes maussade, triste. Vous ne comprenez pas. Ou plutôt si ; samedi, vous y êtes allée un peu fort dans le vin et avez pris du beurre sur votre pain…sacrilège. Deux options s’offrent à vous : soit vous tomber dans la spirale de l’autodérision (je n’y arriverai jamais, je suis condamnée à vivre avec tous ces bourrelets) ou vous décidez de vous y remettre « pour de vrai ». Finies les soirées arrosées, les féculents, les croustilles. Des ennemis de votre future silhouette de rêve.
Quand on entreprend une démarche de perte (ou de prise) de poids, le pèse-personne (la balance) prend une importance souvent capitale. Elle illustre le fruit de nos efforts de manière tangible. L’aiguille qui descend, c’est du concret. Et du concret, on aime ça.
Beaucoup de gens se pèsent une fois par semaine, le lundi généralement, le plus mince possible (c’est-à-dire nu, après les besoins matinaux et à jeun…presque sans leur alliance).
D’autres se pèsent compulsivement, plusieurs fois par jour. Même chez la visite, si une balance venait à trainer par là.
Certains ne se pèsent jamais, question de ne pas être déprimé par le chiffre qui illustrerait leur « perte de contrôle ». Quand on ignore, on ne souffre pas.
Une chose certaine, quand on prend rendez-vous chez la nutritionniste, on est généralement prêt à faire face à notre poids, car il y aura assurément une pesée. Ce sera peut-être douloureux, mais vous êtes prêt à affronter la réalité. Ça vous donnera sans doute LE coup de pied pour vous y « remettre ».
Quelle surprise n’y lis-je pas sur le visage de mes clients lorsque je leur propose de ne pas se peser. Que je leur donne comme devoir de serrer la balance dans un placard lointain, question de ne plus voir l’instrument à chaque matin, froidement posée sur le carrelage de la salle de bain.
« Quoi ? Cesser de me peser ? Impossible. Et puis, comment saurais-je si je suis dans la bonne voie ? Si ce qu’on fait fonctionne ? »
Je me heurte dans quasi 100% des cas à de l’anxiété à l’idée de ne plus entretenir cette relation amour-haine avec ladite balance. Comme si la rejeter aux oubliettes signifiait aller « dans le mauvais bord ». Jeter l’éponge. Grossir.
On a souvent l’impression que c’est justement tous ces lundis matins qui nous évitent de prendre plus de poids, car on se rétracte en cours de route, plutôt que d’accumuler des petits 1.4, 1.8, 2.3 livres à chaque semaine. Imaginer ne pas se peser, c’est prendre du poids assurément.
À mon avis, rien n’est plus faux, à moins de maintenir un poids artificiellement bas (c’est-à-dire en étant constamment en restriction, ou au régime). Quand on est dans une fourchette de poids qui convient à notre corps, on y reste.
Fourchette de poids ? Oui, un poids qui oscille généralement de plus ou moins 2 -3 livres. C’est ce qu’on appelle un poids stable.
Suis-je une antibalance ? Ça dépend. Pas pour tous. Mais pour la majorité, oui.
Par exemple, que penser de Madame qui a essayé tous les régimes du monde, a joué au yoyo toute sa vie et qui est au bord des larmes en me parlant de sa longue quête du corps plus svelte qui ne lui a apporté que des émotions négatives et une piètre estime d’elle-même ? Qui regarde ma balance, l’air de se dire « Je n’ai pas le choix, faut y faire face » et qui avoue détester son corps ? Croyez-vous que se peser pourrait être positif pour elle ? Moi non.
Je vous propose donc de ranger votre instrument de malheur SI :
-LE CHIFFRE dicte le moral de votre journée. Ça ne donne strictement rien, sauf de vous faire passer un moment quart d’heure…et à l’entourage aussi. Et trop souvent, cette mauvaise humeur se traduit par la fameuse pensée « tant qu’à y être… » qui n’arrangera en rien votre situation. Combien de fois ai-je été témoin d’une journée de débandade alimentaire suivant la pesée fatidique ? Très souvent, je vous le dis!
-Vous faites des exercices de musculation… car on ne le répètera jamais assez, le muscle pèse plus que la graisse ! Se peser quelques semaines après avoir débuté un programme d’entrainement vous sapera le moral garanti.
-Vous souffrez d’un trouble alimentaire, mais ça, vous le savez probablement. Confiez cette tâche à votre thérapeute, qui saura gérer ce moment parfois douloureux avec vous.
-Vous êtes un parent inquiet du sous poids ou du surpoids de votre enfant. Laissez le soin à son pédiatre d’effectuer la vérification du poids, car vous ne voulez pas être celui ou celle qui inculque à votre rejeton une relation malsaine avec son corps, n’est-ce pas ?
Y a-t’il des gens qui devraient se peser ?
Ceux et celles qui n’entretiennent pas une relation malsaine à l’égard de leur poids ou des aliments. Généralement, ces personnes ne se pèsent pas chez eux et me confient cette tâche, au fil des rencontres. Une fois leur « objectif » atteint (souvent déterminé par leur médecin), elles cessent de se peser. Point barre. Ces gens-là, je les pèse sans scrupules, car je n’alimente pas une préoccupation excessive à l’égard de leur poids. Encore là, les vêtements pourraient très bien faire l’affaire, car ils deviendront trop grands avec le temps. Changer de garde-robe…beau problème.
En conclusion, je vous propose de ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier. Traduction : ne vous fiez pas uniquement sur la balance pour déterminer votre succès. Vous avez été capable d’en laisser au resto quand vous n’aviez plus faim ? Excellent ! Peut-être que ça ne paraîtra pas tout de suite sur la balance, mais c’est drôlement une victoire, non ?
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