«J’aimerais pratiquer le crossfit, mais ma shape s’apparente plus à celle d’un coureur, ça ne fit pas». Ou à l’opposé : «Moi dans un club de course? Tout le monde vont se demander ce que je fais là!»
Dans notre société, c’est qu’être bon dans ce qu’on fait ne suffit pas toujours : quand t’as la shape qui faut, là tu es un vrai! Vraiment, j’ai l’impression que cela est perçu de manière que ça augmente la crédibilité du sportif. La shape du coureur : le moins de gras possible, dans le but d’être léger et ne pas trainer trop de poids. Puis, la shape du crossfitter : musclé, mais pas à l’exagération, parce qu’il faut quand même être rapide aussi. Ouf. Cela laisse peu de place aux différences ne trouvez-vous pas?
Non, on ne peut pas complètement dissocier qu’une certaine composition corporelle augmentera les chances d’une meilleure performance, c’est évident. Si on veut lever plus lourd en haltérophilie, avoir une masse musculaire plus importante va assurément aider la chose. Mais aujourd’hui, ce principe est actuellement valorisé chez tout le monde.
Le mot de Gen
Je participe à des courses à pied organisées depuis trois ans. Les dossards sont généralement d’une différente couleur pour une différente distance. Dans l’attente du départ d’une course où tout le monde s’observe, j’y ai souvent entendu comme remarque vis-à-vis d’une personne plus ronde: «Wow, à ce poids-là, être capable de courir 21km!» ou encore «Si elle elle est capable, alors je n’ai pas d’excuses!». Se motiver selon ce qu’une personne en surpoids (ou parfois de poids adéquat!), vraiment? Rien de plus pertinent?
Bien entendu, l’alimentation est également associée au sport pratiqué; paléolithique est associé avec crossfit. Les gens utilisent l’alimentation comme moyen de parvenir à leurs fins au niveau de leur composition corporelle
On peut s’attendre d’un client qui rencontre une nutritionniste :
- Nutritionniste : «quels sont vos objectifs en nutrition?»
- Client : «Eh bien je vais courir le marathon cette année, alors je dois avoir un pourcentage de gras minimal»
Adorant la nutrition sportive, nul besoin à ce point de vous dire que ce n’est vraiment pas ce que je préconise! Pour arriver à une certaine composition corporelle exigée par un sport en question, on peut s’éloigner de notre identité alimentaire et en perdre le plaisir…. et peut-être bien la performance physique par le fait même!
Le mot de Steph
J’ai travaillé 5 ans en tant qu’instructrice de cours en groupe dans différents centres sportifs et municipalités. J’y ai d’ailleurs rencontré le père de mes enfants, à l’époque entraineur. Nous avions remarqué tous les deux un phénomène bien désolant : quand les nouveaux membres s’abonnaient au gym, ils voulaient TOUS (sans exception sincèrement!) avoir un rendez-vous avec le même entraineur, un gars SUPER musclé, à la Schwarzenegger, qui faisait des compétitions d’hommes musclé en petit maillots. J’étais abasourdie que même les hommes d’âge plus avancé voulaient être avec lui, ce jeunot qui n’avait pas atteint ses vingt ans. « Il a tellement l’air en forme!! », disaient-ils. Eh bien non, il ne l’était pas. Chaque mois, c’étaient des milliers de dollars qu’il dépensait en différents produits illicites afin « d’avoir l’air en forme » justement. Comme quoi l’habit ne fait pas le moine….ou plutôt la shape ne veut parfois rien dire.
Pour finir…
Récemment, on a aussi commencé à valoriser légèrement le «Ouais pis, elle peut courir même si elle est en surpoids» et on voit des couvertures de magazines avec des personnes de différentes formes corporelles expliquer leur histoire dans le but de combattre les préjugés. On veut encourager la diversité corporelle à travers le sport et c’est une excellente chose. Je me permets de rêver au moment où même lors des compétitions, nous aurons plus pertinent à dire que de commenter les cuisses de l’une ou le chest de l’autre.
Geneviève P. Brien, Dt.P. et Stéphanie Thibault
Tellement vrai ! Vous avez raisons sur toute la ligne ( d’arrivée ) 🙂
haha merci!!